FESTIVAL DU LIVRE DE SÈTE

15e AUTOMN’HALLES

DU 25 AU 29 SEPTEMBRE 2024

RENDEZ-VOUS DE MAI


Avec Le nageur (Gallimard, 2023), Pierre Assouline revient sur l’une des trajectoires les plus emblématiques et exemplaires à la fois de l’histoire du sport français.


Celle d’Alfred Nakache, un authentique champion de natation, champion du monde du 200 m brasse papillon, qui participa aux J.O. de Berlin en 1936 comme à ceux de Londres en 1948.


Alfred Nakache est mort en 1983 dans sa chère Méditerranée, il est enterré dans le carré juif du cimetière Le Py à Sète. 

 

Avec le témoignage de Jean-Marie Taillade qui a bien connu Alfred Nakache. 


Une rencontre coproduite par FILOMER à l'occasion du Relais de la Flamme Olympique.

LE BLOG DES AUTOMN’HALLES

par Claude Muslin 15 mai, 2024
« Un roman dans la Bosnie d’après-guerre, un road trip à bord d’une Golf sur la route de l’enterrement de la tante Stana. » Le roman est construit sur une unité de temps et de lieu, deux jours sous la pluie dans un coin perdu de Bosnie. La narratrice, jeune adulte, mal dans sa peau, fataliste, nous raconte les péripéties qu’elle vient de vivre, depuis le fond d’un fossé où elle est tombée et duquel elle n’a nullement l’intention de se relever, du moins pas avant d’avoir terminé son récit. De maladresses en malentendus, de goujateries en règlements de compte, les membres d’une famille se retrouvent à l’occasion de l’ enterrement de tante Stana, morte étouffée à cause d’un os de poulet ; un événement familial qu’ils se sentent obligés d’honorer, il y a un héritage à la clé. Que ce soit la mère de la narratrice, son père, sa tante Mileva, le Pope et la Popesse, Mimi la copine, le cousin Stojan, ils sont tous braques, déjantés, hors de contrôle, drôles, touchants et pourraient être les acteurs d’un film d’Emir Kusturika, Underground ou La vie est un miracle . L’auteure, mine de rien nous met sous le nez ou sous nos yeux scotchés aux pages du livre, les contradictions et les disfonctionnements administratifs d’un pays à peine sorti du joug communiste, la corruption galopante « Il lança un regard prudent par la fenêtre du véhicule, et quand la portière s’ouvrit, le cousin Stojan déposa doucement le billet sur le siège à côté du policier » , le poids des traditions, l’alcoolisme, le manque d’infrastructures flagrant, le patriarcat qui a la vie dure, et de ce point de vue, n’hésite pas à en rajouter sur les qualités des unes et les défauts des autres : « Plus la vie est dure, plus les femmes se battent. Elles rangent, repassent, raccommodent, traînent les sacs du marché, font pousser du persil et des tomates sur le balcon, font fermenter des cornichons, du chou, amidonnent, lavent les vitres et surveillent les ouvriers qui changent la plomberie de la salle de bains. Les hommes, en général, se contentent de déprimer, ou, comme dirait maman « ils se relâchent comme un élastique de vieux slip », et ils ne font rien, à part déblatérer sur la politique, regarder le sport et le journal télévisé, et calculer quel âge ils avaient quand a commencé la guerre qui a détruit leur vie. » La construction du récit est habile. Par des mises en abyme fréquentes la narratrice s’efface devant l’auteure, comme pour vérifier que le lecteur la suit bien dans les pérégrinations des personnages, leurs loufoqueries qu’elle égrène sur 250 pages. « Qui ça peut bien intéresser ? Sans parler de tous ces personnages peu crédibles et de cette panique autour de l’enterrement. Rien de bien original... » Le style est alerte, vif, l’histoire galope et les tribulations des personnages tous magnifiques, emportent haut la main l’adhésion du lecteur. Du moins, la mienne. À noter encore les paroles de l’auteure : « j’ai écrit sur un monde post-apocalyptique dans cette société bosniaque. Dans ce roman, l’humour est comme une distance protectrice » . Cet humour qui dédramatise et permet la complicité, le rire, propre de l’homme disait Rabelais ! Sladjana Nina Perković est née en 1981 en Bosnie-Herzégovine. Elle double ses études de journalisme en Bosnie d’un cursus en communication politique à la Sorbonne, et travaille pour plusieurs médias ex-yougoslaves, The Guardian et l’émission de TV française Échappées belles . Elle est co-lauréate du Prix européen du journalisme 2021. Dans le fossé est son premier roman, traduit par Chloé Billon, détentrice d’un master de traduction littéraire en langues slaves-bosnien, croate, monténégrin, serbe. Mention spéciale du Prix de littérature de l’Union européenne en 2022 Dans le fossé Sladjana Nina Perkovic Éditions Zulma (2024)
par Jean-Renaud Cuaz 03 mai, 2024
ÉDITO Le programme se peaufine et l’affiche est belle, encore, cette année. On ira au Musée Paul Valéry, au Réservoir, au MIAM, sur la Place du Pouffre — pour les auteurs et éditeurs locaux et régionaux — pour rejoindre la Médiathèque Mitterrand, le week-end. Il y aura un prix de littérature maritime décerné sur l’ Amadeus , des auteurs en rencontre en milieu scolaire, Dadou, le dessinateur bien connu, ici. Les Automn’Halles fêtent ses 15 ans, avec Pierre Assouline qui vient en amont, le 11 mai (17h, Chapelle des Pénitents), pour une rencontre olympique autour d’Alfred Nakache, en coproduction avec Filomer. Comme il y a un livre pour chacun, la rencontre avec un auteur peut s’avérer décisive, dans une vie. Tiens, je vais vous faire une confidence : j’avais 17 ans quand Assouline est venu à la FNAC présenter son Épuration des intellectuels , 17 ans — et on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans — quand je l’ai vu ajouter, en numérique, le nom de Paul Nizan à ceux des écrivains victimes de la guerre. 38 ans après, je ne manquerai pas de le lui rappeler. Amitiés littéraires Laurent Cachard Président du Festival du livre de Sète – Les Automn’Halles
par Marie-Ange Hoffmann 02 mai, 2024
Malart , un titre, on ne peut plus simple, qui est comme un clin d’œil au lecteur que ce polar-là, le dernier opus de la tétralogie espagnol de Aro Sáinz de la Maza, devrait être différent des autres. On soupçonne que si l’auteur a mis en avant le seul nom de son héros en première page de couverture, celui-ci sera sans doute le cœur battant de cette nouvelle intrigue. Une façon astucieuse de titiller la curiosité du lecteur qui, s’il connaît déjà Milo Malart, le policier aux improbables mais efficaces méthodes, se hâtera d’ouvrir le livre, d’autant plus qu’il est question d’abîme dans l’exergue. Comme dans les précédents romans, un prologue plante le décor et des indices qui amèneront à la tragédie. Elle aimait courir à travers la ville de bon matin , ainsi commence l’histoire. Une jeune femme qui n’est pas nommée nous entraîne dans sa course et nous apprenons que courir est pour elle une activité vitale, qu’elle est au bord d’un précipice sans fond , sous l’emprise d’un traumatisme d’enfance dévastateur dont elle essaie de se libérer. Les analogies avec l’inspecteur Malart et son histoire de schizophrénie familiale s’imposent alors, comme les thèmes récurrents de l’auteur que sont le pouvoir de l’argent et la corruption des médias et de la police. La jeune fille qui court assiste par hasard à un accident causé par un couple visiblement sous effets de drogues dans une voiture de luxe et on se doute que ces deux personnages sont peu recommandables, des très méchants, comme ceux que traque l’inspecteur Malart. Malart, le voici qui apparaît au chapitre suivant intitulé Jeudi 28 novembre, Barcelone, trois heures douze . L’horloge du temps est en marche. Non sans un certain génie, l’auteur construit habilement l’intrigue en mettant en scène un homme — qu’il n’identifie pas immédiatement comme étant l’inspecteur Malart — dans une très mauvaise posture, il flottait à la surface de la mer comme un poids mort . Assiste-t-on à la mort par noyade de Milo Malart ? Cela en a tout l’air, mais on n’y croit pas ! Et le lecteur n’est pas le seul à avoir confiance en Malart. Sa partenaire, la sous-inspectrice Rebecca Mercader et ses co-équipiers du Groupe s’inquiètent de sa disparition et entreprendront trois jours d’enquête effrénée pour tenter de le retrouver. Sans trop dévoiler de l’intrigue, qu’il soit dit qu’on découvrira le couple responsable de l’accident de voiture du début — deux psychopathes rejetons de la très haute société catalane — tous deux définitivement morts, fixés à la poupe de leur yacht somptueux dérivant à quelques miles de la côte. Ce qui est complètement fou, c’est qu’il semble que l’inspecteur Malart soit l’auteur du double crime : les preuves sont accablantes, le yacht est truffé de ses empreintes et Milo reste introuvable. Alors que la presse, le juge et les réseaux sociaux enflammés par les familles des deux morts demandent sa peau, seuls Rebecca et ses collègues vont tenter de sauver Malart. Mais ce ne sera pas chose facile ! Le doute commença à s’ouvrir un chemin dans son cerveau. Le poids des preuves était accablant, écrasant. Tout comme les indices. Comment était-ce déjà ce que lui disait toujours Malart ? « Ne cherche pas, efforce-toi de trouver. Il est aussi important de voir ce qu’il y a, que ce qu’il n’y a pas. Si tu espères trouver quelque chose de concret, tu ne pourras pas voir le reste. » Comme toujours chez Aro Sáinz de la Maza, la dimension psychologique analysée finement joue un rôle primordial, comme la description qui ne fait pas dans la dentelle d’une Barcelone gangrénée par la corruption et le pouvoir de l’argent. Même si Milart semble baisser les bras, obsédé par son impuissance à vaincre la perversité des puissants et hanté par une névrose obsessionnelle, même si son équipe a toutes les peines du monde à le sauver, on ne peut croire que le Mal puisse avoir le dernier mot ! Et on marche à fond avec Mercader lorsqu’elle décide d’adopter la méthode de mimétisme chère à Malart — Je veux mettre la méthode de Malart en pratique…L’idée est d’essayer de comprendre le coupable au maximum, je veux dire le plus humainement possible. L’intrigue est bien construite avec une progression captivante de plus en plus serrée, de rebondissements en rebondissements où l’apparition des personnages du début prennent tout leur sens, jusqu’au dénouement qui reste sur un point d’interrogation ! Une fois de plus, Malart et son Groupe ne déçoivent pas le lecteur, qui espère une suite… Malart Aro Sáinz de la Maza Éditions Actes Sud (Actes noirs 2024) Traduit de l’espagnol par Serge Mestre
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